Prélèvement à la source: un dispositif gratuit pour aider les TPE-PME

Pour venir en aide à « environ un million d’entreprises de moins de 20 salariés », le système titre emploi service entreprise (Tese), un dispositif facultatif et gratuit qui « fonctionne déjà pour les cotisations Urssaf », pourra également gérer le prélèvement à la source, explique Gérald Darmanin.

Un dispositif gratuit assurera le prélèvement à la source pour le compte des entreprises de moins de vingt salariés, annonce le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin dans un entretien publié mardi 14 août dans le Courrier Picard et l’Union l’Ardennais. A partir du 1er janvier prochain, l’impôt sur le revenu ne sera plus réglé avec un décalage d’un an mais prélevé directement au moment du versement de la somme concernée.

La collecte sera assurée par les entreprises pour les salariés – une perspective régulièrement dénoncée par le patronat – par les caisses de retraite pour les retraités ou encore par les employeurs publics pour les fonctionnaires. Après avoir reporté d’un an l’entrée en vigueur de cette réforme fiscale – un des derniers grands chantiers du quinquennat de François Hollande – le gouvernement d’Edouard Philippe tient bon malgré l’opposition persistante du patronat, mais des aménagements continuent d’être apportés au dispositif.

« Il n’y a pas de problème en tant que tel pour les entreprises », estime Gérald Darmanin, qui précise cependant avoir « compris que pour les très petites entreprises, il peut y avoir des difficultés, faute d’avoir la même agilité qu’une grosse entreprise. » Pour venir en aide à « environ un million d’entreprises de moins de 20 salariés », le système titre emploi service entreprise (Tese), un dispositif facultatif et gratuit qui « fonctionne déjà pour les cotisations Urssaf », pourra également gérer le prélèvement à la source, explique le ministre.

Impact budgétaire

« L’Urssaf, qui prélève les cotisations sociales, pourra prendre en charge la déclaration et le reversement du prélèvement à la source, gratuitement à la place de ces entreprises, à partir de janvier », souligne-t-il. Dans cette interview, Gérald Darmanin évoque par ailleurs une éventuelle exemption d’impôt sur le revenu en 2019 pour les employés à domicile.

Pour les 250.000 personnes employées par des particuliers et assujetties à l’impôt sur le revenu, le prélèvement à la source a été décalé à 2020, le temps de mettre en place une plate-forme unique permettant aux particuliers employeurs de déclarer leur salarié et d’acquitter en même temps les cotisations sociales et l’impôt à la source.

Avec ce report, ces 250.000 personnes – qui représentent environ le quart des salariés employés par des particuliers – auraient potentiellement pu être amenées à régler en 2020 à la fois leur impôt sur les revenus de l’année en cours et ceux dus au titre de l’année 2019.

Mais « tout est mis en oeuvre pour qu’ils ne payent pas l’impôt deux fois en 2020 », explique Gérald Darmanin. « Ils pourront l’année prochaine (2019-NDLR), soit étaler leur paiement sur un ou deux ans, soit faire des acomptes. Nous étudions même la possibilité, en 2019, de les exempter d’impôt sur ces quelques centaines d’euros de revenu complémentaire, si la chose est juridiquement possible. »

Concernant l’impact budgétaire de la mise en place de cette mesure pour les finances publiques – que la Cour des comptes a estimé à deux milliards d’euros, à la hausse ou à la baisse, pour 2019 – Gérald Darmanin estime que « la première année, ça ne coûtera ni ne rapportera rien ». Mais selon lui, « en année pleine, à partir de 2020, ça rapportera à l’État », du fait d’une amélioration du taux de recouvrement.

« Aujourd’hui, le taux de recouvrement des cotisations sociales payées par les employeurs est de 99,5% et celui de l’impôt sur le revenu de 98%. Si nous améliorons ce taux d’un point, cela représente 700 millions d’euros », note-t-il.

Source : Challenges

2018-08-16T10:52:09+02:0016 août 2018|Catégories : Impôts, PME, TPE|Mots-clés : , , |0 commentaire

Prélèvement à la source : les entreprises et l’administration ne cachent pas leurs inquiétudes

Le fisc craint notamment des bugs informatiques et de nouvelles suppressions de postes.

L’exécutif vante « le progrès » que représente le prélèvement à la source. Mais à la DGFIP, l’administration de Bercy qui va mener à bien cette réforme, l’inquiétude est de mise. « Cette réforme va modifier en profondeur nos relations avec les contribuables, et malgré l’objectif affiché de simplification, amener une complexité supplémentaire », estime Anne Guyot Welke, de Solidaires finances publiques. En effet, si les employeurs prélèvent l’impôt, le fisc restera au centre du dispositif. Bercy en fait d’ailleurs un argument pour rassurer les entreprises, inquiètes d’être mises à contribution : l’administration restera l’« interlocuteur unique » des contribuables.

« Avec 3 millions d’entreprises et 38 millions de foyers fiscaux, ce n’est pas possible qu’il n’y ait strictement aucun incident. Nous nous organisons pour qu’il y en ait le moins possible et, quand cela arrive, pour les corriger au plus vite », démine Bruno Parent, le patron de la DGFIP. Des tests grandeur nature avec les entreprises vont continuer à être réalisés, et un dispositif d’assistance est mis en place afin de répondre aux questions des particuliers et des employeurs.

« Flou artistique »

Quant aux craintes des syndicats sur de nouvelles suppressions de postes, le but de la réforme « n’est pas de gagner en productivité à la DGFIP. Ce pourra être une des conséquences du prélèvement à la source en régime de croisière mais dans des proportions modérées, peut-être quelques centaines d’emplois » assure M. Parent, qui rappelle qu’aujourd’hui, « le recouvrement de l’IR est déjà extrêmement automatisé ».

Côté entreprises, rien ne changera pour celles qui utilisent un logiciel de paie, assure Bercy : elles doivent juste s’assurer qu’il est à jour. Les patrons, surtout de PME, sont moins confiants. « Le chef d’entreprise n’est pas là pour jouer les percepteurs. De quel droit j’irai demander à mes salariés leur taux d’imposition ? », s’indigne Vincent Laudat, président de la chambre de commerce et d’industrie Seine-Mer-Normandie. A la tête de deux PME de moins de vingt salariés, il gère aujourd’hui l’édition des feuilles de paie par le biais du site de l’Urssaf, Tese. Pour le moment, rien ne figure en ligne sur le futur dispositif de prélèvement…

« C’est un peu le flou artistique », confirme Alexis Bamy, directeur général de HTS Bio, spécialisé dans la fabrication de produits écologiques pour le nettoyage et l’aquaculture. « Non seulement, nous allons devoir collecter l’impôt pour l’Etat, mais, en plus, cela nous sera facturé », regrette-t-il, inquiet de voir l’organisme d’expertise comptable auquel il sous-traite la paie augmenter ses tarifs.

L’Union des artisans, commerçants et professions libérales (U2P) a annoncé, mardi 10 avril, le lancement d’une campagne et d’une pétition pour dénoncer le futur dispositif. Le Medef, lui, avait réclamé, fin mars, un moratoire d’un an… Catégoriquement refusé par le gouvernement.

Source: Le monde

2018-04-11T15:55:51+02:0011 avril 2018|Catégories : ETI, GE, Lois, PME, TPE|Mots-clés : , , |0 commentaire
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