Comment renforcer sa marque lorsqu’on est une PME ?

Le « branding », autrement dit la conception et le pilotage de la marque, a été pendant longtemps l’apanage des grandes entreprises. Mais aujourd’hui, les PME ont, elles aussi, besoin d’adopter une stratégie de marque, pour faire face à la concurrence.

La marque pourrait être définie comme l’interface entre une entreprise et un public. Elle comprend l’ensemble des outils par lesquels l’entreprise s’adresse à ses cibles et peut être reconnue et différenciée de ses concurrents : son nom, son logo, sa charte graphique et colorielle, mais aussi sa façon d’articuler un discours. Lorsqu’une grande entreprise décide de lancer une nouvelle marque, tous ces outils font l’objet d’une conception concertée avec des spécialistes, puis d’un test préalable auprès des différentes cibles. Mais lorsqu’on est une PME, il est également intéressant de soigner sa marque, avec des moyens adaptés et moins coûteux.

Dans les petites structures, les chefs d’entreprise s’interrogent souvent sur leur visibilité. Mais la visibilité dépend pour beaucoup de la capacité à exprimer l’identité de l’entreprise, ce qui fait sa spécificité. Est-ce que les dirigeants sont au clair sur l’ADN de leur marque ? Puis : est-ce que le positionnement de l’entreprise est lisible dans le site web, et dans les différents messages adressés aux clients ?

S’interroger sur sa marque permet de prendre du recul, à la fois sur l’identité et le projet de l’entreprise. Et sur la façon dont ces éléments sont perçus par les cibles. C’est une bonne porte d’entrée pour ré-évaluer les stratégies de développement et de communication.

Les étapes du processus

Mettre en oeuvre un protocole de marque constitue un moment fort pour une entreprise. Il implique en effet de s’interroger sur ce que les différents acteurs perçoivent et attendent de l’entreprise : la direction, les collaborateurs, mais aussi les clients, les prospects voire les sous-traitants. Dans les PME, le protocole de marque repose sur une logique de co-construction : le dirigeant ou la dirigeante, les collaborateurs, et les consultants. L’expérience prouve que cette implication globale est gage de pertinence.

Par ailleurs, cette démarche est une occasion de formation et de développement des compétences des collaborateurs : pour s’adapter au contexte d’une PME et limiter les coûts, les expertises sont menées avec les responsables, qui s’approprient ainsi des outils de diagnostic et d’étude marketing.

La première étape du processus est un échange avec les responsables, afin d’identifier les priorités et les objectifs de l’entreprise. Cette étape permet aussi de comprendre les pratiques ayant cours, et les envies de l’entreprise en termes de communication.

Ensuite, le protocole s’effectue généralement en trois phases. La première étape est d’effectuer un bilan de l’image actuelle, à partir d’une interrogation des clients et collaborateurs, et d’un diagnostic sémiologique des signes existants, pour comprendre ce qu’ils véhiculent. Ensuite intervient la phase créative : lors du workshop avec la direction et les collaborateurs, il s’agit de générer des idées, et de définir une stratégie. Cette étape est très cadrée, pour être sûr d’explorer un maximum d’idées et de choisir les meilleures. Elle aboutit à la conception d’une « plateforme de marque », qui pourra servir de cadrage stratégique lors de toutes les initiatives marketing de l’entreprise.

La dernière phase du travail est opérationnelle, avec un plan d’actions qui permet de décliner la plateforme de marque en opérations concrètes. Les différents outils de la marque sont travaillés, depuis l’identité visuelle et les outils de communication, jusqu’au design du lieu de vente, au merchandising, etc.

Cette étape ancre les actions dans le temps, et permet aussi de se projeter dans l’avenir de l’entreprise. En s’interrogeant sur les signes de la marque, on en vient naturellement à envisager son évolution. Le protocole de consolidation de la marque a fait émerger des idées, farfelues ou raisonnables, des pistes de réflexion logiques ou inattendues… La réflexion est engagée, et peut se poursuivre pour enrichir l’identité de l’entreprise.

Source : Chefdentreprise.com

2018-03-20T10:52:43+01:0019 mars 2018|Catégories : Marketing, PME|Mots-clés : , |0 commentaire

Doper de 25% le chiffre d’affaires d’une PME, c’est possible

L‘Accélérateur PME lancé par la banque publique d’investissement a permis à des entreprises moyennes de passer à un autre stade de développement.

L’objectif de l’Accélérateur PME lancé en 2015 par Bpifrance étaitd’aller au-delà du financement pour aider les entreprises à croître et à se transformer. Mission accomplie. Le cru 2018 de la deuxième promotion est bon, au regard des résultats obtenus par les 58 petites et moyennes entreprises qui y ont participé, et dont le cursus de 24 mois d’accompagnement s’est achevé ce lundi. Deux chiffres parlent à eux seuls: ces PME ont augmenté en moyenne leur chiffre d’affaires de 25% et leurs effectifs de 34%, ce qui concrètement représente 1894 créations d’emploi. Une croissance de l’emploi donc supérieure à celle du chiffre d’affaires, qui démontre que la reprise est bel et bien là, puisque ces entreprises se structurent pour accompagner leur développement.

Repérées par la banque publique et ses directions régionales, ces 58 entreprises ont été sélectionnées sur leur dynamisme, leurs ambitions et parce qu’elles recelaient un véritable potentiel de développement. À leur entrée dans le programme en 2016, elles réalisaient 24 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 33% à l’export et employaient 124 collaborateurs en moyenne. Entre 2014 et 2015, leur taux de croissance avait été de 12%.

Nombreux voyages à l’étranger

Durant ces deux dernières années, les dirigeants et leurs équipes ont au départ bénéficié d’un diagnostic à 360° de leur entreprise, puis d’un appui stratégique et opérationnel, d’un programme de mentorat et de conseils à l’international, Bpifrance ayant bénéficié du concours de partenaires comme Business France, l’IME (Institut du mentorat entrepreunarial), le Réseau Entreprendre., etc. «Le parcours est orienté sur deux axes. D’un côté, on essaye de stimuler le collectif, et de l’autre, on individualise le programme afin qu’il soit le plus adapté aux besoins de chacun», souligne-t-on chez Bpifrance. Ainsi, les questions portant sur la croissance, la performance et la gouvernance sont abordées collectivement au sein de la promotion. Cette dernière avait un prisme très international et des voyages ont été organisés à la demande des entreprises en Allemagne, Afrique, Mexique, Chine et au CES de Las Vegas.

Pour Pavel Streber, qui a créé il y a 20 ans Protec Group, entreprise de conseil spécialisée dans les risques environnementaux, l’hygiène et la sécurité, cette expérience au sein de l’accélérateur PME Bpifrance a été riche d’enseignements. «BPI m’a donné la palette d’outils. J’ai embauché un collaborateur pour structurer mes achats et j’ai créé un département innovation. Lorsque j’ai intégré l’Accélérateur, mon entreprise réalisait 15 millions d’euros de chiffre d’affaires, aujourd’hui nous sommes à 50 millions».

Lancée ce lundi soir, la quatrième promotion compte 56 PME, dont plus de la moitié est issue du secteur de l’industrie. Pour atteindre l’objectif des 4000 entreprises embarquées dans l’Accélérateur à l’horizon 2021, fixé par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, Bpifrance va développer ses Accélérateurs en région, mais aussi par filières industrielles à l’image de celui lancé dans l’aéronautique avec le Groupement des Industries Françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS).

Source: Le Figaro

2018-03-19T18:15:10+01:0019 mars 2018|Catégories : PME|Mots-clés : |0 commentaire

Le moral des patrons de PME-ETI est stable

Le niveau de confiance des dirigeants de PME et d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises s’est stabilisé ce mois-ci à ses plus hauts historiques, les perspectives d’investissement et d’emploi se tassant légèrement, selon l’observatoire OpinionWay-Banque Palatine à paraître jeudi dans Challenges.

La proportion de patrons de PME et ETI se déclarant confiants pour les perspectives d’activité à six mois de leur propre entreprise est inchangée à 90%, niveau qu’elle avait atteint en février pour la première fois depuis le début de cette enquête mensuelle en 2010. Ils sont également 87% (-1 point sur un mois) à se dire optimistes pour l’économie française, alors qu’ils n’étaient que 48% à penser de même en mars 2017.

Source: Le Figaro.fr

2018-03-19T17:58:09+01:0019 mars 2018|Catégories : ETI, PME|Mots-clés : , |0 commentaire

La croissance des PME, une question de Dirigeant !

Croissance est l’arlésienne de l’actualité économique. Tout le monde en parle : hommes politiques, économistes, etc. mais finalement en connait-on véritablement les déterminants ? Sans doute la conjoncture mondiale y joue-t-elle un rôle fondamental. Cependant, quels facteurs vont prédisposer les PME à s’engager dans une croissance forte ? La question est d’importance sachant que les PME représentent 99,8 % du parc d’entreprises et environ la moitié de l’emploi salarié, et les 7 % de PME indépendantes en forte croissance génèrent près de 58 % de la création d’emploi de cette catégorie d’entreprises.

La PME : une aventure humaine

Les dirigeants de PME, quant à eux, sont peu pris en considération. Ils sont l’objet de perceptions contrastées dans l’opinion publique. De la figure du « grand patron » à celle du « patron-voyou », ils sont régulièrement stigmatisés, parfois jusqu’à la caricature. À l’autre bout du spectre, l’entrepreneur est souvent perçu comme un individu extraordinaire relevant des défis, prenant des risques, tandis que le patron de PME, parfois vu comme un « petit » patron, apparaît relativement familier. Au niveau organisationnel, le rôle du dirigeant doit être redéfini, en attestent plusieurs initiatives telles que le concept d’entreprise libérée dont certaines en sont la parfaite illustration (par exemple FAVI, Chrono Flex…), ou par exemple le syndrome du poisson rouge (Actes Sud) qui interroge le concept même de croissance permanente.

La croissance, un objectif parmi d’autres

Tous les dirigeants de PME n’en font pas un objectif prioritaire. Seulement 30 % cherchent une croissance rapide tandis que 70 % ne la souhaitent pas, sachant que celle-ci peut être mesurée en termes d’évolution du chiffre d’affaires, des effectifs, des parts de marché, voire des bénéfices nets. Ceci nous renvoie à une approche culturelle de la croissance. En d’autres termes, la croissance de l’entreprise n’est pas forcément synonyme de réussite pour le dirigeant. Ainsi, se concentrer uniquement sur des données agrégées représentant la croissance conduit à une impasse.

L’intention de croissance, des déterminants individuels

Une approche systémique permet de prendre en compte à la fois des variables relatives à la perception de l’environnement, mais aussi à de nombreuses variables relatives au dirigeant (âge, sexe, diplômes, expérience antérieure), à la perception de ses besoins (de formation par exemple), mais aussi à l’entreprise (taille, âge, secteur, exportation, etc.), à son management et à sa propriété (familiale ou non, présence du (de la) conjoint(e), d’autres membres de la famille, etc.). L’environnement institutionnel – légal, fiscal, social – est l’objet de débats, mais tous les dirigeants – qu’ils souhaitent avoir une croissance rapide ou non – en ont la même perception. Les « barrières perçues à la croissance » n’expliquent pas l’engagement des dirigeants vers une forte croissance.

Vouloir croître, c’est pressentir l’organisation capable de croître !

Le fait que le dirigeant se sente à l’aise dans sa fonction joue favorablement : un dirigeant qui a le sentiment de manquer de compétence ou de formation, d’être épuisé (ou d’avoir une mauvaise qualité de sommeil par exemple), n’a pas l’intention d’engager son entreprise dans un chemin de croissance rapide. On conçoit alors l’intérêt de réfléchir à des actions de formation continue spécifiquement ciblées sur les dirigeants. Le fait que le dirigeant ait un mode de gestion relativement décentralisé et l’utilisation d’outils (notamment numériques) sont aussi caractéristiques d’une intention de croissance élevée. Si l’on touche ici à une gestion « moderne » de la PME, c’est aussi le reflet de dirigeants qui sont bien formés et/ou qui se sont engagés dans une logique d’équipe de direction pour croître. La dimension humaine du management et de l’organisation est mise en exergue. Vouloir croître, c’est pressentir l’organisation capable de croître ! Une approche des compétences individuelles (par la formation, par la prise d’initiative…) et collectives (par la culture, par le partage d’objectifs, par l’autonomie…) pourra conduire le dirigeant à vouloir faire croître sa PME.

Les dirigeants dont les entreprises sont orientées sur les marchés étrangers, par l’exportation et/ou la présence de filiales font état d’ambitions de croissance, ce qui, pour le coup, est en phase avec les constats classiques en la matière, et montre l’intérêt d’accompagner les PME vers les marchés étrangers.

Source: CommunePassion.

2018-03-19T17:49:13+01:0019 mars 2018|Catégories : PME|Mots-clés : , |0 commentaire

Comment intéresser les salariés aux résultats de leur PME?

L’idée d’associer les salariés aux résultats des petites entreprises est au menu du projet de loi Pacte, qui sera présenté en Conseil des ministres en avril. Le chercheur Patrice Roussel explore les liens subtils entre motivation et rémunération, et analyse les conditions pour qu’une telle mesure puisse réellement profiter aux salariés et favoriser le développement de l’entreprise.

La France compte près de 4 millions de PME ou TPE, dont la très grande majorité sont des microentreprises. Elles emploient quasiment un salarié sur deux et réalisent environ 45 % de la valeur ajoutée du tissu productif hexagonal. Mais beaucoup peinent à croître et à faire grandir leurs équipes. Vous venez de conclure une convention de recherche de trois ans avec une entreprise de taille moyenne, dédiée à l’efficacité des politiques de rémunération sur l’engagement et la performance des salariés. Qu’en retenez-vous ?
Patrice Roussel : Que l’argent n’est pas le nerf de la guerre. Dans le cadre théorique dit de l’autodétermination, nous partons du principe qu’il existe deux formes de motivation au travail : l’une intrinsèque ou autonome, lorsqu’un individu a choisi son métier ou l’exerce par passion, par exemple ; et l’autre extrinsèque ou contrôlée, dont le meilleur exemple est le « job alimentaire », encouragé par le salaire ou d’autres récompenses.

Pour des raisons évidentes, la première est plus souvent associée au bien-être et à la performance que la seconde. Mais il y a parfois débat sur la rémunération : certains travaux considèrent que les augmentations poussent les salariés vers de la motivation contrôlée – qu’ils ne travaillent plus que par appât du gain, pour schématiser –, d’autres envisagent qu’elles ne nuisent pas à la motivation autonome. Nos dernières recherches permettent d’affirmer que l’argent reste dans l’absolu une récompense sans effet sur l’engouement intrinsèque des salariés.

Néanmoins, si une entreprise travaille en amont sur son organisation et sur son management pour impliquer les salariés, les augmentations peuvent consolider ou renforcer la motivation autonome qui en découle. L’argent ne fait pas le bonheur mais peut y contribuer, autrement dit.

Quel cadre mettre en place pour que le volet financier ait un effet sur le bien-être et la productivité des salariés ?
P. R. : La théorie de l’autodétermination préconise de jouer sur trois leviers, qui nous semblent bien établis dans les faits. D’une part, les systèmes de rémunération doivent accompagner ou plutôt confirmer une montée en compétences de l’employé : lorsqu’une augmentation couronne une promotion par exemple, elle renforce la motivation intrinsèque ; tandis qu’avoir 5 % de plus chaque année sur la fiche de paye, alors qu’on stagne dans sa carrière, pousse à considérer son travail comme alimentaire. D’autre part, une entreprise doit donner de l’autonomie à ses salariés et leur offrir des opportunités d’avancement en accord avec ce qu’ils souhaitent – le pire étant, à l’inverse, de sanctionner quelqu’un prenant des initiatives…

Un des problèmes majeurs de nos entreprises est de s’en tenir à une vision technico-administrative de la motivation.

Enfin, le sentiment d’appartenance à un groupe, une équipe de travail par exemple, est un facteur important de bien-être. Faire jouer la concurrence entre salariés, les mettre en compétition avec des systèmes de prime au mérite ou au détriment des collègues, par exemple, n’est pas un facteur de motivation.

Mieux vaut aller vers des systèmes de rémunération qui renforcent le sentiment d’appartenance à une « grande famille », pour ainsi dire. Un des problèmes majeurs de nos entreprises est de s’en tenir à une vision technico-administrative de la motivation, et de ne pas mettre en place un cadre de travail qui permette aux politiques de rémunération d’avoir un effet positif.

Pourquoi des incitations telles que la participation ou l’intéressement des salariés ont-elles manqué d’efficacité jusqu’à présent ?
P. R. : Parce que ce sont devenus des droits, des acquis, mais vidés de leur substance « participative ». À l’origine, l’idée est de faire rejaillir les bénéfices de l’entreprise sur la rémunération des salariés selon leur implication. Cela semble donc aller dans le bon sens et renforcer le sentiment d’appartenance au groupe notamment. Mais dans les faits, de nombreux travaux ont montré qu’ils étaient inefficaces et pour une raison majeure : ils sont déconnectés de l’engagement effectif des employés dans les projets de leur entreprise. C’est toujours le même schéma, autrement dit. Si vous vous contentez de reverser de l’argent sous forme d’augmentation, sans y associer une politique managériale plus vaste, cela reste sans effet sur la motivation intrinsèque. En revanche, lorsque le management associe en amont des équipes à la définition d’objectifs, des moyens de les atteindre, et qu’en bout de chaîne une réussite se traduit par une rétribution, sous forme d’intéressement ou de participation, alors l’implication des salariés – déjà effective – se trouve consolidée. Les entreprises se basent généralement sur des ratios purement financiers par commodités, notamment les très grandes qui définissent leurs objectifs loin de la base, mais c’est une fausse piste. Ces outils devraient toujours être utilisés comme prétextes pour une politique managériale réellement participative.

La loi Pacte, pour autant qu’on en connaisse les contours aujourd’hui, pourrait-elle changer la donne ?
P. R. : Depuis la création de la participation en 1967, plusieurs modifications ont été apportées à la loi mais elles ont eu peu d’effets sur les PME. Un premier écueil à éviter pour la future loi serait donc de se contenter d’étendre la participation aux PME et de ne rien faire d’autre. Actuellement, seules les entreprises de plus de 50 salariés doivent mettre en place une forme de participation, et l’idée serait d’abaisser le seuil à onze employés. Cela concerne des millions de salariés. Outre les limites que nous avons évoquées – qui relèvent davantage du management que de la politique –, il faut savoir que cela pourrait rester sans effet dans la plupart des cas.

Un premier écueil à éviter pour la future loi serait de se contenter d’étendre la participation aux PME et de ne rien faire d’autre.

Reverser de l’argent est réellement obligatoire lorsque les bénéfices sont supérieurs à 5 % des capitaux propres de l’entreprise, ce qui n’est pas le cas de l’immense majorité des PME. Il me semble donc nécessaire de supprimer cette règle. Le projet de loi envisage un assouplissement de la formule de calcul, mais cela est encore en débat à ma connaissance. J’ai eu l’occasion d’expérimenter en PME des formules de calcul fondées sur le résultat courant avant impôt qui ont un impact positif sur les primes versées aux salariés.

Autre problème à régler : les petites entreprises ne disposent généralement pas des ressources internes pour gérer ce type de dispositifs, et on ne va pas les obliger à embaucher un DRH. Pour que ce projet soit réaliste, il serait crucial de créer un lien avec les syndicats de branche et les réseaux bancaires régionaux pour décentraliser le volet administratif.
Enfin, il semble que la loi Pacte prévoit de moduler la fiscalité des PME, leur « forfait social » notamment, en vue de soutenir leur effort à mettre en œuvre la participation financière. Mais il faut savoir que ce forfait a varié de zéro à vingt depuis les années 1980, et que cela n’a eu aucun effet notable.

Pourquoi le fait d’aider les PME à devenir des entreprises de taille intermédiaire est-il si important ?
P. R. : Une fragilité du modèle français, par rapport à l’Allemagne ou à l’Italie par exemple, est de concentrer l’essentiel de son activité dans de petites et très grandes entreprises. Nous manquons d’établissements intermédiaires, de PME de 300 salariés par exemple. Or, cela affaiblit nos capacités de production. Les entreprises de vingt ou trente employés ne peuvent pas accompagner le développement des plus grosses comme il le faudrait, leur fournir des pièces ou de la main-d’œuvre en quantité importante, par exemple. Elles ne peuvent pas non plus rivaliser à l’export avec des concurrents de taille plus importante, sur les marchés américains, chinois ou encore russes. D’autre part, les PME sont bien en peine de s’imposer dans des négociations, des petites productions agricoles n’ont pas de poids face aux distributeurs en grande surface, par exemple. À l’inverse, dans l’entreprise où nous avons mené notre étude par exemple, sept exploitations viticoles se sont associées pour mieux se défendre sur les marchés. Cela leur a immédiatement donné une force de frappe pour négocier leurs prix, s’imposer en France et à l’export, et même lancer des projets d’innovation – développer une agriculture bio par exemple. Enfin, les PME hésitent souvent à embaucher lorsqu’elles sont au seuil de 50 salariés, car leur gestion devient aussitôt plus complexe. Il y aurait une réflexion à mener sur les obligations légales qui découlent du nombre de salariés, pour que les PME puissent grandir sans se saborder.

Source : CNRS Le journal.

2018-04-13T02:27:05+02:0019 mars 2018|Catégories : Lois, PME|Mots-clés : , , |0 commentaire
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