Formation : ce que les entreprises vont payer

Le projet de loi présenté ce vendredi par Muriel Pénicaud supprime la plupart des exonérations de taxe d’apprentissage.

La version définitive du projet de loi sur la formation à laquelle « Les Echos » ont eu accès confirme que le gouvernement se donne la possibilité de modifier par décret les règles de cumul emploi-chômage . Elle comble surtout le vide de l’article 17 attendu de tous puisqu’il porte sur la facture des entreprises. La réforme pose en effet le principe d’une seule contribution  coiffant les obligations au titre de la formation professionnelle et de la taxe d’apprentissage.

Dans leur accord, syndicats et patronat avaient maintenu le niveau de cotisation actuel en cumulé : 1,23 % de la masse salariale pour les entreprises de moins de 11 salariés, 1,68 % au-delà. Le tout ventilé, au prix de savants marchandages, entre la formation des PME, le compte personnel de formation (CPF), le conseil en évolution personnel, l’alternance ou les chômeurs.

Suppression d’exonérations

Au lieu de deux paliers, le projet de loi en prévoit trois (avec des exceptions maintenues pour le Bas et le Haut Rhin et la Moselle notamment) : 0,99 % jusqu’à 11 salariés, 1,48 % de 11 à 249, et 1,60 % au-delà de 250. Si les taux ont été revus à la baisse c’est parce que le gouvernement va supprimer certaines exonérations de taxe d’apprentissage (dont bénéficient les grosses associations rurales par exemple), à hauteur de 600 millions d’euros en année pleine selon les estimations. A noter que les entreprises de 11 employés ou plus payeront en plus une taxe de 0,08 % pour le financement des écoles (ce qu’on appelle le barème).

Période de transition

Sauf que pour en arriver à ce régime de croisière, le projet de loi a instauré une période de transition avec des taux différents pour chacun des trois paliers d’effectifs d’ici à 2023 entre, d’une part, les entreprises assujetties à la taxe d’apprentissage (qui vont voir leur niveau de cotisation baisser) et les autres qui, suppression des exonérations oblige, vont payer plus. Ce faisant, le niveau des prélèvements obligatoires ne bouge pas, explique-t-on de source proche du ministère du Travail.

L’autre grand changement porte sur le circuit que tout cet argent va emprunter. Aujourd’hui ce sont les Organismes paritaires collecteurs agréés (futurs Opérateurs de compétences) qui collectent et reversent. A compter de 2021, ce sont les Urssaf qui collecteront une fois que le gouvernement aura pris une ordonnance en ce sens.

Le fruit de la collecte ira ensuite à la future agence France compétences qui va servir de gare de triage. Elle gardera la partie dévolue au CEP, mais reventilera le reste entre la Caisse des dépôts pour le CPF, l’Etat pour la formation des chômeurs, et les Opérateurs de compétences pour les PME.

La part de la collecte prévue pour l’alternance suivra un circuit différent : l’essentiel ira directement aux Opérateurs de compétences, le solde, dit de péréquation, sera versé à France compétences. Reste à connaître la clef de ventilation vers tous ces dispositifs, mais sur ce point l’article 17 renvoie à un décret.

Source : Les échos

2018-04-12T18:38:42+02:0012 avril 2018|Catégories : ETI, Formation, GE, Lois, PME, Politique, TPE|Mots-clés : , , , , , |0 commentaire

Comment les nouveaux cadres dirigeants veulent révolutionner l’entreprise

Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron les a dragués ouvertement. Ces jeunes cadres dirigeants, “génération moins de 45 ans”, ont l’ambition de participer à la transformation du monde du travail. Ils parlent “digital”, misent sur les innovations RH, veulent trouver du sens au quotidien et, “en même temps”, jouent les équilibristes entre vie pro et vie perso. Le cabinet Boyden et l’Ifop ont dressé le premier baromètre de la transformation des entreprises via le prisme des jeunes cadres dirigeants.

Mais que veulent les jeunes cadres dirigeants ? C’est, grossièrement, à cette question que le cabinet Boyden et l’Ifop ont cherché à répondre, à travers une enquête recensant les aspirations et visions des leaders âgés de 35 et 45 ans, ceux que certains nomment « la génération Macron« .

« Nous sommes partis du postulat que, ces jeunes dirigeants n’avaient pas la même vision de l’entreprise que leurs aînés », explique Caroline Golenko, associée chez Boyden.

Globalement, d’après ce baromètre, il faut rappeler que 82% des interrogés se disent satisfaits de leur situation professionnelle actuelle et plus de 70% d’entre eux se montrent optimistes pour l’avenir, qu’il s’agisse de leur secteur d’activité, de leur entreprise ou de leur situation professionnelle. On peut donc dire que ces jeunes managers ont le moral au beau fixe.

L’une des raisons de leur positivisme vient de la politique, semble-t-il, car, comme le rappelle Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, « la population étudiée a largement voté en faveur d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle ». De fait, 68% des jeunes cadres dirigeants interrogés pensent que les changements survenus à la tête du pays auront un impact pour favoriser la transformation des entreprises françaises. « C’est plus que l’ensemble des cadres« , précise Frédéric Dabi.

Le digital et l’humain

Et si le sourire s’étend sur les lèvres de ces managers, c’est aussi parce qu’ils associent à l’idée de transformation des entreprises des concepts plutôt positifs. La plupart des interrogés a un avis positif de l’innovation, du collaboratif et du digital (à 97%). La transformation est associée, pour près d’un jeune cadre dirigeant sur deux, à une opportunité et à une nécessité, tandis que 70% des interrogés anticipent un bénéfice personnel via la transformation de leur entreprise.

Ayant grandi avec les nouveaux outils technologiques, les mots « digital« , « numérique » ou encore « évolution stratégique« , leur viennent tout naturellement à l’esprit.

« Cela montre que les espérances des jeunes managers dépassent la dimension technique : ils prévoient une évolution stratégique avec des ‘enjeux qui concernent l’organisation interne et externe’, complète Frédéric Dabi de l’ifop.

Car pour cette génération, au-delà de l’évolution technique, les ressources humaines doivent connaître une transformation. Le « management » et « l’organisation » sont des concepts auxquels pensent fortement les jeunes cadres dirigeants lorsque l’on évoque la disruption de l’entreprise.

La réalité et les attentes diffèrent largement

Du côté des constats, les cadres interrogés sont conscients qu’aujourd’hui, l’entreprise se transforme (pour 82% des interrogés) et ce, sur des aspects majoritairement liés à la digitalisation, à la transformation numérique, pour 47% des répondants (Big Data, intelligence artificielle). Pour autant, leurs attentes sont larges quant à cette disruption de l’entreprise. Ils sont majoritaires à souhaiter que leur entreprise se transforme en priorité sur les modes de rémunération des salariés, sur l’évolution des types de management, sur la formation, le développement des compétences, sur le rythme auquel sont prises les validations des décisions et l’organisation du temps de travail.

« Et pourtant, lorsque l’on compare ces attentes avec la réalité des transformations, on y remarque un fossé », explique Frédéric Dabi.

La digitalisation et la transformation numérique arrivent en tête des transformations que citent les cadres dirigeants en dressant les constats actuels. Arrivent ensuite l’évolution des styles de management et la relation client.

Management libéré

Cette jeune génération de cadres ne manque pas d’ambition puisqu’ils sont 53% à se projeter dans des fonctions de direction (au sein de leur entreprise ou en fondant leur propre structure) dans les cinq prochaines années. Mais, dès lors qu’il s’agit de prendre du galon, cette génération cite comme piliers prioritaires à changer s’il devenait dirigeant de leur entreprise : l’évolution des styles de management, le dialogue, le développement du collaboratif et la responsabilité, la formation et le développement des compétences. Soit, là encore, un hiatus entre leurs attentes pour eux-mêmes et les projections s’ils augmentaient dans la hiérarchie.

Ils miseraient sur la responsabilité juste avant la performance et le respect. « L’humain reste au centre de leur priorité« , note Anita Pouplard, associée chez Boyden. Un paradoxe pour ces jeunes avides de nouvelles technologies et évoluant à côté d’un boom de la digitalisation, de l’IA et autres innovations numériques.

Car de fait, cette génération encourage les innovations RH et une meilleure organisation du temps de travail (avec le télétravail par exemple) ; encourage un management plus libéré dans lequel le collaboratif est très apprécié ; ou encore, aime courir après de nouveaux challenges en encourageant ses équipes…quitte à se planter. « Le droit a l’erreur est plus toléré. Pour eux-mêmes comme pour les autres »,rapporte Caroline Golenko. Ce sont finalement davantage les « soft skills » qui sont mis en avant et, pour l’associée de Boyden, cela arrive tout doucement à se glisser dans la tête des entreprises.

« Elles évoluent pour ne plus forcément s’appuyer sur des compétences académiques et le ‘pedigree’. Aujourd’hui, dans le monde de l’entreprise, on change aussi de mode de référence. »

Source: La tribune

2018-04-28T10:22:48+02:0030 mars 2018|Catégories : Management, PME, Politique, TPE|Mots-clés : , , , |0 commentaire
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