Quiet quitting : comment remotiver les salariés

Après la « grande démission », voici la démission silencieuse : le « quiet quitting ». Cela consiste à respecter à la lettre le contrat de travail. Les témoignages de salariés refusant de prendre des responsabilités ou de travailler des heures non payées se multiplient.

C’est une tendance comme TikTok sait si bien les inventer, qui révèle – sans doute de façon caricaturale – les dérives d’un monde du travail en quête d’équilibre. Le « quiet quitting » reposerait sur un nouveau contrat moral entre le salarié et son entreprise : respecter à la lettre le contrat de travail. Ni plus ni moins. Les témoignages vidéo se multiplient de la part de salariés qui déclarent ne plus prendre de responsabilités supplémentaires, ne plus vouloir travailler sur des heures non payées, ne plus effectuer de tâches non valorisées, etc. A tel point que le hashtag #quietquitting dépasse désormais les 75 millions de vues.

Si certains peuvent n’y voir qu’un nouveau buzz, la vitesse de propagation de cette tendance chez les jeunes générations d’employés doit nous interroger collectivement sur ce qui nous motive à travailler, sur ce qui nous pousse à fournir des efforts individuels au service d’un objectif commun.

Il ne suffit pas d’augmenter le « niveau de récompense »

Selon de nombreux travaux en sciences cognitives, au moins deux éléments influencent fortement ce niveau de motivation. D’une part, notre motivation dépend de la récompense attendue. Notre cerveau est un organe qui fonctionne sur la prédiction : selon des modèles internes issus de nos apprentissages, il détecte la probabilité qu’une action entraîne l’obtention d’une récompense. Il peut alors décider à partir de cette information de l’intérêt de s’engager dans une tâche. Pour augmenter la motivation des salariés, la direction n’aurait qu’à augmenter le niveau de récompense obtenue… Pas si simple !

En effet, les recherches montrent que les sources externes de motivation n’exercent qu’une influence limitée par rapport aux sources internes. Ici, les évolutions sociétales pourraient tenir une part prépondérante dans la crise motivationnelle observée dans certaines entreprises. Selon une étude du site Zety, près de la moitié des jeunes employés veulent que leur travail participe à « rendre le monde meilleur », et 59 % souhaitent un « meilleur équilibre vie pro-vie perso ». Gagner toujours plus d’argent serait donc moins récompensant qu’oeuvrer pour réduire notre empreinte carbone, aider des populations en difficulté, ou bien tout simplement avoir du temps pour ses proches.

Le coût cognitif du travail explose

Le second levier de (dé)motivation est l’effort à fournir pour obtenir ladite récompense. Ici encore, nombre d’entreprises sont loin d’être exemplaires en la matière. A l’ère du tout-numérique, le coût cognitif du travail explose : notre attention est baladée aux rythmes des sollicitations, les visioconférences augmentent notre fatigue, l’absence de pauses efficaces empêche la récupération, etc. Pour obtenir une même récompense, l’effort est donc accru. Sans compter les nombreux irritants du quotidien qui peuvent tout simplement entraver nos actions.

Résultat : si l’effort est trop grand, alors la prédiction d’une récompense – fût-elle majeure – ne suffit plus à être motivé. C’est pourquoi désormais, même les start-up, qui excellent pourtant à afficher une mission d’intérêt public et jouer ainsi sur la motivation interne, ou encore les ONG, pour qui la mission est parfaitement en phase avec les motivations internes, peuvent être concernées par cette baisse de la motivation.

Un même défi : comprendre le cerveau humain

Grande démission, quiet quitting, crise de l’engagement… derrière tous ces termes, un même défi : comprendre le fonctionnement et les limites du cerveau humain et connaître les leviers de motivation intrinsèques des salariés. Les entreprises qui résoudront cette équation à deux inconnues devraient pouvoir offrir à ceux qu’elles emploient un travail qui les motive durablement !

Les auteurs : Marie Lacroix et Gaëtan de Lavilléon, docteurs en neurosciences, sont cofondateurs de l’agence Cog’X.

Source : Les Échos entrepreneurs

2022-10-02T11:36:34+02:002 octobre 2022|Catégories : ETI, GE, Management, PME, RH, TPE|Mots-clés : , |0 commentaire

La crise du recrutement commence à toucher le monde de l’alternance

La crise du recrutement commence à toucher le monde de l’alternance, jusqu’ici assez préservé par la pénurie de talents. Une grande majorité d’alternants semblent ne pas vouloir d’une embauche au sein de l’entreprise de leur apprentissage.

Pourquoi ? Les raisons sont multiples, mais alternants et entreprises se rejoignent sur les difficultés administratives.

L’alternance, un véritable levier pour le recrutement

Un récent rapport HeyTeam, en partenariat avec Seekube, s’est interrogé sur la complexité administrative et les enjeux des contrats d’alternance en France.

Véritable mine d’or pour des recrutements, l’alternance a connu un essor considérable en France : 718 000 contrats en 2021, soit une augmentation de 37% par rapport à 2020 et de 70% par rapport à 2016.

Les responsables des ressources humaines interrogés dans ce rapport s’accordent tous sur le fait que l’alternance est un réel levier de recrutement.

Car “l’alternance permet de faire découvrir des métiers moins populaires ou plus techniques, et de donner goût aux étudiants d’approfondir leurs connaissances dans ces domaines.”

De plus, l’alternance permet aux entreprises de rester connectées aux tendances et aspirations du marché via les interactions avec les étudiants apprentis.

Une complexité administrative qui bloque le recrutement après une alternance

Malgré tous ces avantages, l’alternance n’aboutit pas toujours à un recrutement. Plus de la moitié des alternants interrogés (58,5 %) n’a pas souhaité poursuivre sa carrière dans l’entreprise d’accueil, par manque de projection, envie de diversifier leurs expériences ou encore à cause de problèmes d’ambiance de travail et de management.

alternance recrutement

Autre frein au recrutement des alternants du côté des étudiants : presque un alternant sur deux (47 %) a peiné à obtenir son contrat (CERFA), notamment du fait de la lenteur administrative (42 %), de la pluralité des interlocuteurs (23 %) ou encore de l’incompréhension des informations à compléter (17 %).

Des difficultés administratives partagées par les responsables RH interrogés qui trouvent, eux aussi, que certaines embauches sont ralenties, voire annulées à cause des difficultés à obtenir les contrats d’alternance (CERFA) : règles différentes selon les métiers et secteurs, multitude d’OPCO (Opérateur de Compétences) avec lesquelles échanger, difficultés à trouver les informations ou à contacter les bons interlocuteurs.

alternance recrutement entreprise

Comment les entreprises, comme les responsables RH, peuvent-ils convaincre ces jeunes apprentie·es de rester et d’être embauché-es dans leurs entreprises ?

En jouant sur l’ambiance de travail. En effet, 41 % des alternants considèrent que l’ambiance de travail est le critère le plus important durant leur expérience en entreprise.

Source : Culture RH

2022-09-18T11:29:16+02:0018 septembre 2022|Catégories : PME, Recrutement, RH, TPE|Mots-clés : , |0 commentaire

Quand les réunions sont trop nombreuses et deviennent contre-productives

Qu’elles soient en présentiels ou en distanciels, les entreprises françaises sont les championnes de la réunion. Mais qu’en pensent les salariés ? Estiment-ils ces réunions utiles ?

La “réunionite aiguë” semble être toujours aussi présente au sein des entreprises. Il semblerait qu’une grande majorité des salariés français trouvent leurs réunions “inutiles”. Pire, la moitié d’entre eux ne savent souvent pas pour quelle raison ils sont invités à assister à leurs réunions.

86% des salariés français encore confrontés à des réunions inutiles

L’institut Yougov a récemment interrogé 3000 salariés européens pour le compte de Comet Meetings (location de lieux de réunion et de séminaire) en France, Belgique et Espagne, au sujet des pratiques en matière de réunion. Et les résultats, en France, sont assez éloquents sur les problèmes des réunions qui semblent ne pas avoir d’utilité :

86% des français sont encore confrontés à des réunions inutiles

Une grande majorité des collaborateurs sont en demande d’amélioration de la façon de faire de ces réunions et il semble qu’un véritable travail sur le management et la formation à la réunion s’avère nécessaire, en France.

En effet, les chiffres sur les problèmes d’utilité des réunions sont assez éloquents :

  • 73% des personnes interrogées aimeraient que leurs réunions soient mieux organisées.
  • 51% des collaborateurs assistent parfois à des réunions sans savoir précisément pourquoi ils sont là.
  • 68% des équipes en France n’ont jamais été formées à faire des réunions.
  • 45% des actifs français interrogés ne pratiquent jamais de réunion seul à seul.
  • 40% des répondants ne font pas de réunion à plus de deux personnes.

De fortes disparités au sein des collaborateurs en réunion

Les salariés français ne sont pas logés à la même enseigne quand il s’agit de comprendre le pourquoi d’une réunion. En effet, 82% des 18-24 ans savent systématiquement pourquoi ils ou elles sont invitées, contre 99% des plus de 55 ans. Il semble donc que plus on est jeune, moins on sait systématiquement pourquoi on est présent à une réunion.

De fortes disparités au sein des collaborateurs en réunion

Le problème ne se pose pas dans le nombre de réunions, mais dans leur qualité. Les salariés ne pensent pas qu’ils fassent trop de réunions, mais ils estiment qu’ils les font mal. La question du sens se pose alors en termes de suivi managérial : 17% des managers déclarent ne pas pratiquer de réunions à plus de 2 personnes, et 19%, sensiblement issues du même profil, déclarent ne jamais faire de réunions en duo.

Autre disparité à travailler, cette fois du côté des femmes. Ces dernières sont en effet moins formées à ce qu’est une réunion réussie. En effet, lorsqu’on est une femme en France, on a moitié moins de chances d’être formée aux réunions (23% des femmes contre 40% des hommes le sont).

Source : culture-rh

2022-09-11T10:17:51+02:0011 septembre 2022|Catégories : ETI, GE, Management, PME, RH|Mots-clés : , |0 commentaire

10 conseils pour changer de carrière sans baisse de salaire

Aujourd’hui, les gens envisagent plus que jamais de changer de carrière. Parmi les raisons, citons l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la flexibilité et une culture positive. Cette tendance est si répandue qu’un récent sondage de la Chambre de commerce américaine a révélé que 41 % des personnes interrogées ont déclaré vouloir changer de secteur d’activité pour leur prochain emploi.

La plupart des gens supposent qu’une transition de carrière s’accompagne d’une baisse substantielle du salaire. En réalité, il est possible de changer de carrière et de gagner un salaire proche ou même supérieur à celui que vous gagniez auparavant. L’une des raisons est que, dans le monde d’aujourd’hui, les carrières sont plus flexibles. Vous pouvez créer l’emploi que vous souhaitez en travaillant à distance, en vous mettant à votre compte ou même en adoptant une carrière de type portefeuille où vous combinez plusieurs sources de revenus. En outre, les employeurs ne recherchent plus seulement des compétences techniques spécifiques. En fait, 93 % des employeurs affirment que les compétences générales jouent un rôle essentiel dans le choix des personnes qu’ils souhaitent embaucher.

De nombreuses personnes restent dans un domaine peu satisfaisant parce qu’elles ont atteint un salaire confortable dont il est difficile de se défaire. La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas nécessairement à sacrifier votre salaire pour vous sentir épanoui.

Voici dix conseils pour changer de carrière sans baisse de salaire.

1. Croyez-y

« Quand on veut, on peut. » Les croyances façonnent la réalité. En croyant que c’est possible et en vous appuyant sur vos rêves, votre chemin vers le succès se créera de lui-même. Comme Henry Ford l’a dit un jour : « Que vous pensiez que vous pouvez, ou que vous pensiez que vous ne pouvez pas, vous avez raison ».

2. Visualisez votre avenir

En introduisant une pratique de visualisation dans votre vie, vous serez plus motivé pour atteindre vos objectifs. Commencez par écrire ce que vous voulez en détail. Puis, laissez-vous aller à ressentir ce que ce sera d’accomplir votre objectif. Plus vous visualiserez le résultat, plus vous serez motivé pour agir quotidiennement dans cette direction.

3. Exploitez le cadre de minimisation des regrets

Le cadre de minimisation des regrets a aidé Jeff Bezos à décider de quitter Wall Street pour cette idée folle de vendre des livres en ligne. Il peut vous aider aussi. Commencez par penser à long terme plutôt qu’à court terme. Projetez-vous à l’âge de 80 ans et repensez à votre décision. Allez-vous regretter d’avoir essayé ? Et l’échec ? Allez-vous le regretter ? Si la réponse est « non » à ces deux questions, vous êtes prêt à changer de carrière.

4. Identifiez un objectif

Ensuite, réfléchissez à ce que vous recherchez dans votre changement de carrière. Demandez-vous ce qui vous rend malheureux dans votre emploi actuel. Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans un poste ? Par exemple, la variété, la flexibilité ou la collaboration. Voulez-vous travailler pour quelqu’un d’autre ou pour vous-même ? Qu’en est-il du lieu de travail ? Êtes-vous heureux de travailler à domicile à plein temps, ou préférez-vous vous rendre dans un bureau tous les jours ? En réfléchissant à ce qui compte pour vous, vous serez en mesure de réfléchir aux carrières possibles, d’identifier les options et de formuler un objectif.

5. Exploitez vos compétences transférables

Changer de carrière ne signifie pas que vous devez abandonner toutes vos compétences et votre expérience. Vous avez déjà acquis plusieurs compétences clés qui peuvent s’appliquer à des dizaines d’autres secteurs. Voici quelques exemples de compétences facilement transférables :

  • Travail d’équipe
  • Communication
  • Adaptabilité
  • Créativité
  • Résolution de problèmes

Même les compétences spécifiques à un secteur, comme le marketing, la comptabilité ou la finance, sont largement transférables lors d’un changement de carrière.

6. Renforcez votre potentiel commercial

Après avoir réfléchi à vos points forts et à vos compétences transférables, il est temps de démontrer votre valeur. Réfléchissez à la manière dont vous pouvez appliquer ces points forts à une nouvelle carrière. Incluez ensuite ces informations dans votre CV, votre lettre de motivation et votre profil LinkedIn. N’oubliez pas de mentionner vos activités bénévoles ou à temps partiel. Vérifiez également si votre nouvelle carrière nécessite une formation ou des certifications supplémentaires. Si c’est le cas, vous pourrez peut-être les obtenir tout en conservant votre emploi actuel.

7. Concentrez-vous sur vos atouts plutôt que sur vos points faibles

Souvent, l’idée d’un changement de carrière nous amène à réfléchir à toutes les compétences et à l’expérience que nous n’avons pas. Concentrez-vous plutôt sur vos atouts plutôt que sur vos handicaps. Les idées négatives drainent votre énergie et vous empêchent d’être dans le moment présent. En vous concentrant sur les points positifs, vous aurez la motivation nécessaire pour continuer à faire de petits pas en avant.

8. Soyez réaliste

Un changement de carrière ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut de la patience et du travail. Et souvent, cela prend plus de temps que vous ne le pensiez. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas facile ou que cela prend plus de temps que vous ne l’aviez imaginé que vous n’y arriverez pas.

9. Trouvez du soutien

Qu’il s’agisse d’amis, de membres de la famille, d’un coach professionnel ou de toutes ces personnes, vous avez besoin d’un système de soutien pour vous aider à traverser cette transition. Entourez-vous de personnes rassurantes qui croient en vous plus que vous ne le faites. C’est l’un des meilleurs moyens de rester responsable et d’aller de l’avant.

10. Ayez un plan de secours

Il peut arriver que des difficultés inattendues surgissent en cours de route. Ce n’est pas grave. C’est comme si vous étiez sur un voilier et que le vent tournait soudainement. Vous ne changez pas votre destination finale, mais seulement la manière d’y arriver. Pensez à ce qui peut mal tourner et créez des plans alternatifs pour chaque scénario. Cela peut aussi être un tremplin qui vous rapproche du poste de vos rêves.

De nombreuses personnes restent dans une carrière parce qu’elles ont peur de l’échec. Mais changer de carrière ne signifie pas repartir complètement à zéro. Vous emportez toujours avec vous des éléments tels que des compétences transférables, une expérience précieuse et des contacts utiles. Il est vrai que pour réussir un changement de carrière, il faut plus qu’un acte de foi. Il faut de l’introspection, de la planification, de la patience et de la constance. Mais si vous êtes prêt à croire en vous et à y mettre du vôtre, les récompenses en valent vraiment la peine.

Source : Forbes

2022-08-26T01:18:24+02:0026 août 2022|Catégories : Conseil, RH|Mots-clés : , |0 commentaire

Donner du sens a son management et sa raison d’être, un prérequis pour les talents

À l’ère des “fake news” et autres “greenwashing”, au moment où la carence de talents devient critique pour la croissance et la différenciation concurrentielle des organisations, il n’a jamais été aussi important de comprendre les aspirations des travailleurs dans la réalisation de leur mission.

L’ouvrage “L’Entreprise Nouvelle Génération”, bâti sur la rencontre de 250 leaders dans 30 pays qui ont mis en place de nouvelles formes de gouvernance et une raison d’être forte et fédératrice, montre le lien consubstantiel que ces organisations ont réussi à établir entre mode managérial à autorité distribuée et focalisation sur une mission à impact positif.

Ces entreprises préfigurent une nouvelle relation au travail, un nouveau capitalisme, une nouvelle responsabilité politique des acteurs économiques privés mais aussi associatifs ou publics. Elles n’ont pas de problème avec la recherche de profit, à condition de répondre dans le même mouvement à des enjeux sociaux ou environnementaux qui fracturent aujourd’hui notre pacte social et l’équilibre mondial.

Évidemment, il paraît plus simple d’appliquer ces principes à de nouvelles organisations, exemptes de passif et d’inertie. Mais si nous voulons accélérer le mouvement, il sera également nécessaire de faire pivoter nos champions économiques existants. Et ceux qui ne bougeront pas ? Ils disparaîtront probablement de façon prématurée, emmenés par les lames de fond qui portent aujourd’hui les talents vers les entreprises de nouvelle génération.

Luc Bretones, dirigeant de NextGen et organisateur du NextGen Enterprise Summit est allé à la rencontre de 3 dirigeantes, à l’œuvre pour transformer leurs collectifs, leaders dans leurs domaines respectifs. Cette synthèse vient éclairer les tendances 2022 de la gestion des talents qui seront développées dans le baromètre Aneo Holaspirit de l’Entreprise Nouvelle Génération à paraître dans quelques jours.

Les enjeux de recrutement et de fidélisation des talents

Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle au sein du groupe VYV, le confirme : “la dimension managériale est une des raisons clefs de notre démarche d’entreprise à mission”. Et de renchérir, “la raison d’être est notre levier le plus efficace pour recruter. Je le vois pour toutes les générations et en particulier chez les jeunes (recrutés, alternants, services civiques)”. Catherine prend le temps d’écouter collectivement ces nouvelles forces vives deux fois par an en leur laissant décider de l’agenda. Cette fois, leur choix de thèmes s’est porté sur l’environnement et la fracture numérique. Le premier binôme à présenter était constitué d’un ingénieur matériaux qui avait décidé de reprendre des études sur les matériaux écologiques et d’un expert dans l’animation de jeunes, les missions locales et qui a opté à plus de 30 ans pour un mastère en environnement. Catherine Touvrey le reconnaît “si nous ne nous étions pas mis dans cette dynamique d’entreprise à mission, ces personnes ne seraient pas venues à nous. Elles nous apprennent énormément de choses et établissent un lien avec l’envie d’être acteurs, particulièrement forte dans une partie de la société et de la jeunesse”.
Plus généralement, la directrice générale d’Harmonie Mutuelle décrit un pivot majeur en matière de recrutement : “nous souhaitons nous porter plus sur des recrutements liés à la personnalité et au potentiel qu’aux expertises strictes. Notre raison d’être est porteuse : agir sur les facteurs sociaux, environnementaux, et économiques qui améliorent la santé des personnes autant que celle de la société en mobilisant la force des collectifs. Elle donne un beau terrain d’action pour des personnes qui souhaitent être actrices, voire activistes”.
Les enjeux se focalisent cette année sur les profils experts (numérique, data et marketing stratégique) ainsi que les profils en pénurie (commerciaux et développeurs informatiques). “C’est la guerre, en particulier pour les commerciaux et pas seulement dans l’assurance”.

Véronique Lacour, Directeur exécutif Transformation et Efficacité opérationnelle chez EDF insiste sur la mission du géant français, engagé dans la transition énergétique et le combat contre le réchauffement climatique. “L’envie de participer à la construction d’un avenir neutre en carbone grâce à l’électricité et aux solutions et services innovants pour nos clients attire les talents. En 2022, ceux sont 15 500 nouveaux collaborateurs en incluant les alternants et les stagiaires qui pourront rejoindre EDF et participer à cette grande ambition ». En ce qui concerne la Direction Transformation et Efficacité Opérationnelle, grâce à ses métiers transverses, que ce soit l’immobilier, les achats, le numérique ou les services partagés, elle porte des leviers majeurs de transformation de l’entreprise. Les nouvelles technologies font partie des leviers puissants pour faire évoluer les pratiques dans tous les métiers. Le numérique ouvre de nouvelles opportunités pour les activités d’EDF dans son rôle d’industriel, dans sa relation avec ses clients et dans son fonctionnement interne. Les parcours au sein du Groupe dans le numérique sont très variés grâce à la diversité des métiers, et sont très riches dans des domaines comme la data, l’intelligence artificielle, la blockchain, le cloud ou encore la cybersécurité, ce qui attire les talents”.

Pour Géraldine Vial, directrice talents, culture et innovation RH chez KPMG, l’ambition de recrutement est élevée avec 2500 talents collaborateurs recherchés dont 1600 CDI et 900 stagiaires & alternants, avec des besoins de compétences notamment en matière ESG.

Comme pour Harmonie Mutuelle et EDF, les compétences numériques et ESG se taillent la part du lion. Géraldine ne mentionne pas des effets de mode : “nous souhaitons développer les compétences ESG dans tous nos métiers, toutes nos BU via des profils juniors et expérimentés dans les domaines de la finance durable, des achats responsables, du green IT et du bilan carbone ; quant au numérique, nos besoins croissent à grande vitesse dans la data, la cybersécurité et l’intelligence artificielle”.

KPMG, sous l’impulsion de son directoire, de ses associés et en particulier de Marie Guillemot sa présidente, souhaite devenir le premier cabinet engagé pour une création de valeur responsable. Pour Géraldine Vial, cette dynamique va entraîner tout le cabinet au travers de ses collaborateurs et de ses offres. Au-delà des investissements réalisés dans la formation pour que chacun soit acteur au quotidien de cette transition, KPMG permet d’autres engagements par le doublement des heures de mécénat de compétences, notamment via la fondation, auprès des jeunes étudiants, ou par des actions pour l’environnement et ce depuis plus de 15 ans.

Favoriser l’engagement en libérant l’initiative, les marges de manœuvre

Pour Véronique Lacour, le secret de l’engagement se trouve dans l’envie d’apprendre, de progresser, de prendre des initiatives : “Nous « n’enfermons » pas nos talents dans le poste pour lequel ils nous rejoignent ; les jeunes ont par exemple accès à des missions transverses qui leur permettent de contribuer à des enjeux de l’entreprise plus larges que leur mission quotidienne. Dans ma direction par exemple, un groupe de « digital natives » s’est saisi du sujet du numérique responsable l’année dernière et nous a proposé d’aller encore plus loin dans notre ambition sur ce sujet. Le résultat n’a pas tardé à se cristalliser puisqu’EDF est devenu le premier énergéticien à recevoir le label numérique responsable attribué par l’Institut du Numérique Responsable. »

Acteur du temps long, qui regarde au-delà de de la rentabilité trimestrielle, Harmonie Mutuelle développe une gouvernance responsable, un dialogue social innovant, de qualité et investit dans une culture managériale inclusive, et de plus grande autonomie.

Paritaire hommes/femmes dans ses composantes politiques et managériales, la mutuelle travaille aussi les diversités d’origine, de handicap et de maladies chroniques notamment. Ces éléments débordent les frontières pro/perso.
Côté management, “nous évoluons vers une logique de responsabilité, de plus grande autonomie par conviction philosophique” précise Catherine Touvrey. Cette démarche s’accompagne pour les cadres supérieurs de l’identification des talents de chacun (strengths finder), de leur développement et leur transformation en compétences. “Nous pratiquons beaucoup les revues de pairs et de talents pour passer d’une logique d’expertise à celle de compétences transférables sur d’autres métiers.
Les “soft skills”, ou ce que certains sociologues qualifient de capacité à mettre son expertise et ses compétences au service d’un collectif, déterminent beaucoup de la capacité d’un profil à s’épanouir et à réaliser un parcours dans un groupe.

Chez KPMG, Géraldine Vial et son équipe ont développé les sessions de recrutement de juniors “48H Khrono”. Ces sessions s’articulent autour de plusieurs temps dont une interaction dans un collectif, des échanges plus informels pour comprendre ce qui leur tient à cœur, leurs valeurs, leurs qualités.

“Nous cherchons à détecter notamment l’esprit d’équipe, l’engagement citoyen, la curiosité et l’esprit d’audace, l’intégrité, la confiance, et l’excellence”.

L’équipe RH s’est également appuyée sur l’accélérateur interne pour lancer un challenge collaboratif sur les New Ways of Working afin que les collaborateurs puissent proposer et déployer les actions concrètes qu’ils souhaitent voir émerger au sein de KPMG. Les votes de tous et un jury ont sélectionné différents projets dont le “work where you want” permettant à chacun de travailler depuis n’importe quel bureau du groupe.

Participer à un projet plus grand que soi

Entreprise à mission, Harmonie Mutuelle s’engage en 2022 dans une stratégie climat visant une réduction de l’ordre de 50% de ses émissions d’ici 2030 en scope 3 (amont/aval). En 2019, l’organisation avait évalué son impact carbone à 160 kg par personne.
A cette perspective globale s’ajoutent des initiatives de filière comme celle de la chaîne de magasins Ecouter/Voir qui en lieu et place du “black friday” a proposé le “harmonie friday” pour à la fois recycler les lunettes qui trainent à la maison via des organisations humanitaires, et présenter ses gammes écologiques. Selon Catherine Touvrey, “c’est une logique, une dynamique nouvelle qui doit s’enclencher et nous ferons de même avec nos magasins de matériel médical, nos services de pompes funèbres, pour imaginer ces produits et services en mode écologique. C’est au moins aussi important que de travailler le plan de déplacement des salariés. Le fait d’être “scope 3” ouvre le champ des possibles et stimule notre marketing”.
En 2022, il est par ailleurs demandé à chaque manager de formaliser au moins un objectif prioritaire en lien avec l’entreprise à mission et la dimension d’impact, de durabilité.

Géraldine Vial contribue quant à elle au projet d’une “Academy For Good” pour développer l »upskilling » – ou montée en compétence – de tous les talents du groupe sur l’ESG et l’innovation managériale. La démarche du leader du géant de l’audit et du conseil en France consiste à sensibiliser, faire prendre conscience puis former par métier et par business unit de façon plus personnalisée. Le management par la confiance doit devenir le fondement de l’attractivité et de la fidélisation.

Chez EDF, la transformation nécessaire pour atteindre l’ambition du Groupe se traduit dans chaque métier. Chaque métier est mobilisé pour construire un cadre de travail efficace et responsabilisant qui suscite l’engagement. Au sein de la direction qu’a en charge Véronique Lacour, la démarche, appelée “TEO way” (pour Transformation et Efficacité Opérationnelle), positionne les salariés et les collectifs en acteurs de la transformation. Chaque équipe prend l’initiative de simplifier ou améliorer à son niveau ses façons de faire, ou fait part à sa hiérarchie des améliorations qui lui permettraient d’être plus efficace pour atteindre ses objectifs. La directrice de DTEO le constate : “Donner le pouvoir d’agir aux équipes pour rendre le fonctionnement plus efficace et piloter l’activité par les résultats et par les livrables engage les équipes dans une recherche d’amélioration continue. Le fonctionnement devient plus responsabilisant et plus efficace”.

Et ce d’autant plus que la pandémie a ancré durablement des fonctionnements nouveaux. Ce management par la confiance s’incarne dans l’accord d’EDF S.A baptisé “TAMA” pour « Travailler Autrement, Manager Autrement » qui prévoit que, dans le cadre de leur « projet d’équipe », chaque collectif définit le fonctionnement qui répond le mieux à ses enjeux et ses activités pour à la fois améliorer la performance, apporter de la flexibilité, de l’autonomie, et permettre de pratiquer le télétravail.

Enfin, et surtout, que le client soit interne ou externe, le système de management TEO way met en place les conditions pour que tout le monde soit au contact des enjeux de son client, des objectifs prioritaires et de la performance opérationnelle attendue. Pour Véronique Lacour, “chacun doit sentir que son action quotidienne sert la Raison d’Être du Groupe. «

Requalifier ses talents, en permanence

Nous avons évoqué précédemment la magnitude du projet d’Academy for Good de KPMG sur un groupe de plus de 10000 collaborateurs. Selon ADP, 50 % de tous les employés devront se requalifier d’ici 2025. Mercer ajoute qu’il est dans l’intérêt financier d’une entreprise de requalifier 25 % des employés à risque – plutôt que de recruter à l’extérieur.

Véronique Lacour le confirme “ Notre responsabilité d’entreprise est là : ne pas uniquement pourvoir les nouveaux métiers avec des talents recrutés à l’extérieur mais accompagner les salariés vers ces métiers. Avec le numérique et l’automatisation, certains métiers sont en décroissance. Notre « académie du numérique » propose des cursus de formation adaptés qui permettent dans le numérique, de s’orienter vers des métiers de data analyst, acteur de la cyber sécurité ou encore project manager officer qui sont en croissance. Les équipes sont en général très enthousiastes à l’idée de développer de nouvelles compétences et de découvrir un nouveau métier et c’est aussi une force d’avoir dans ces nouveaux métiers des salariés qui connaissent l’entreprise. Proposés à des salariés volontaires, ces cursus, souvent suivis en alternance dans le futur service employeur offrent des opportunités de développement de nouvelles compétences. Par ailleurs, le catalogue de l’académie est riche de plusieurs centaines de formations pour que les salariés de la filière SI et numérique, puissent adapter leurs compétences, souvent très pointues, à l’environnement en perpétuelle évolution. »

Harmonie Mutuelle consacre pour sa part 6,5% de la masse salariale en développement des compétences : transformation commerciale, métiers ressources (digital et client), performance, pilotage, culture de travail et impact social, sociétal et environnemental.

Une intégration cruciale

Véronique Lacour en est convaincue “dès les phases de recrutement de On-boarding et d’intégration, nous devons rendre visible la raison d’être, l’ambition de l’entreprise et la place de l’innovation. Le numérique offre l’opportunité de valoriser et transformer cette phase d’accueil et d’intégration. “Notre solution de plateforme virtuelle interne de type métaverse, nous a permis de tenir de grands événements internes en disposant chacun de notre avatar, qui peut circuler et dialoguer dans des stands virtuels. Nous souhaitons exploiter ces solutions innovantes pour renforcer et personnaliser nos processus d’intégration”.

Chez KPMG, on ne badine pas avec l’onboarding ! Il est même question de pré-onboarding. Et pour cause, il peut se passer jusqu’à 6 à 9 mois entre la signature du contrat et l’intégration (préavis, fin de cursus scolaire). Un temps important qui peut être mis à contribution pour faciliter l’acculturation des candidats aux valeurs, à l’ambition et au projet de l’entreprise. L’empreinte territoriale de KPMG et les remontées des intéressés amènent le cabinet à personnaliser ses intégrations tantôt sous forme de grande journée rassemblant les collaborateurs, tantôt par des séminaires ou encore sous la forme de parcours de rencontres sur plusieurs semaines.

Pour Catherine Touvrey, la compréhension et la contribution à la culture de travail d’Harmonie Mutuelle, fondée sur la responsabilité et l’autonomie, constitue l’enjeu majeur de cette phase d’intégration. Elle se focalise sur les principes d’organisation collective, de prise en compte des sujets de santé et des lieux de vie professionnels. Les nouveaux entrants comprennent en quoi l’organisation collective du travail facilite le travail à distance, nomade, articule les différents temps entre travail, apprentissage et engagement solidaire. Des initiatives sur la santé au travail et à domicile sont souvent proposées par les salariés eux-mêmes sous la forme de conférences sur les maladies chroniques, de webinaires sur le stress au travail ou encore de communautés “prenons soin de nous”. Sont également abordées les dynamiques managériales en fonctionnement hybride, les principes d’impact en lien avec l’entreprise à mission et comment chaque salarié peut s’engager de façon solidaire, militante sur une des dimensions de la raison d’être de l’organisation.

Conclusion

Désormais, toute dissonance entre la mission, les valeurs affichées par l’organisation pour la mettre en œuvre et le mode de management pratiqué se paiera « cash » ; de même pour les désalignements d’une équipe entre son fonctionnement vécu et celui souhaité, ou encore ses désalignements sur ses processus fondamentaux. Un diagnostic précis permettra de ne pas dépenser son énergie inutilement.

Il apparaît clairement qu’une mission insincère sera immanquablement caractérisée de « washing » et que ce défaut de réputation se propagera sur les réseaux telle une traînée de poudre, indélébile.

Les valeurs au travail n’ont nul besoin de s’afficher sur des posters dans les salles de réunion. Elles nécessitent là encore d’être partagées en toute transparence et d’évoluer en accord avec la raison d’être et son collectif.

Les talents fuient les dissonances, les faux-semblants. Ils souhaitent comprendre intuitivement et simplement leur utilité au sein d’une organisation tout en apprenant et en se développant, avec sécurité et bienveillance. Leur employabilité résulte de ces choix et leur permet d’optimiser un alignement personnel entre compétences et aspirations.

Pour rendre ce chemin possible les leaders des entreprises de nouvelle génération libèrent de la marge de manœuvre au plus près de ceux qui font, et sont en capacité de prendre les meilleures décisions. Ils anticipent les besoins permanents de requalification de leurs forces vives.

Ces leaders savent que l’engagement passe par un projet sincère et une bonne dose d’humilité. Ils commencent par aimer les gens avant de vouloir les diriger, et ils leur font confiance plutôt que de leur apparaître parfois comme des menaces ou des risques les conduisant en situation d’insécurité psychologique.

Ils savent qu’ils ne savent pas (tout) et se donnent toutes les chances de changer les relations au travail et d’améliorer ainsi la société.

Source : Forbes

2022-08-04T09:39:50+02:004 août 2022|Catégories : ETI, GE, Management, PME, RH, RSE|Mots-clés : , , |0 commentaire

Les Tracances… nouvelle tendance du télétravail en vacances.

Travail hybride et télétravail ont dans un sens plus flouté les frontières entre vie privée et vie professionnelle tout en offrant plus de flexibilité aux collaborateurs. Un flou qui s’étend désormais aux lieux de vacances. Une tendance dénommée Tracances (travail en vacances), Workation (Work on vacation) voire Bleisure (Business & Leisure) mise en lumière par une nouvelle étude.

D’après une enquête menée par le cabinet Génie des lieux, 35 % des travailleurs français déclarent qu’ils feront du télétravail depuis leur lieu de vacances cet été. Parmi eux, 24 % se limiteront à 1 ou 2 jours par semaine afin de profiter de leurs proches, tandis que 11 % le feront à temps plein.

Dans la plupart des cas, il s’agit pour les collaborateurs de continuer de télétravailler tout en suivant la famille sur les lieux de vacances. Bien des entreprises sont encore frileuses à cette idée et imposent à leurs collaborateurs de télétravailler nécessaire de chez eux ou sinon de prendre leurs vacances.

Parallèlement, ces pratiques tendent également à encourager certains à ne plus totalement se déconnecter de leur travail et de leur équipe durant les semaines de vacances estivales. 28% des collaborateurs français avouent qu’ils resteront connectés au travail sans être pour autant actifs. Pourtant l’absence d’un vrai break n’est, là encore, pas vraiment bénéfique selon certains analystes et bien des entreprises encouragent leurs collaborateurs à se déconnecter. Sans succès semble-t-il puisque, selon l’étude, plus de 37 % des Français n’arriveront pas à se déconnecter de leur travail et 31 % y parviendront seulement en partie. Uniquement 32 % se déconnecteront totalement de leur vie professionnelle.

« Il n’y a pas que le rapport au travail dans les bureaux qui a changé, ce sont aussi les vacances qui sont impactées ! Quasiment trois français sur quatre amèneront leur matériel professionnel en vacances pour garder le lien avec le travail. Au-delà de faire apparaître de nouvelles exigences sur les aménagements et les équipements des lieux de vacances, on observe que seulement un quart des répondants se déconnecteront totalement du travail ! La frontière entre le pro et le perso semble s’effacer années après années », explique Romain Millet, directeur des Modes de travail chez Génie des Lieux.

Et si les hôtels et lieux de vacances tentent de s’adapter à cette nouvelle réalité en proposant du WiFi performant et parfois même des espaces de travail spécialement aménagés, bien des entreprises restent encore très sceptiques face à ces pratiques. Seulement 58 % des Français qui vont télétravailler sur leur lieu de vacances le feront en accord avec leur supérieur, 31 % le feront mais avec une certaine réticence de la part de leur patron et 11 % le feront sans l’en informer.

Reste que les entreprises ne semblent pas vouloir emboiter le pas de leurs employés. D’autant que ces dernières n’ont pas envie d’investir davantage dans les outils collaboratifs. Selon le « Collaboration Maturity Survey » publiée par Atlassian, la collaboration numérique n’est en effet plus une priorité pour les entreprises françaises. Le score de maturité de la France baisse de 3,4 à 3,2 en un an montrant une certaine régression dans la collaboration numérique au sein des entreprises. Seule la moitié des collaborateurs français (50%) estiment être satisfaits de la culture de collaboration adoptée par leur entreprise, alors qu’ils considèrent les outils utilisés comme des facteurs pouvant favoriser la collaboration interne. Autre chiffre qui témoigne de ce manque de maturité qui pourrait bien mettre un coup de frein à la tendance « Tracances » : seulement un responsable IT sur deux (51%) déclare disposer d’un ensemble de process formellement définis pour la collaboration (contre 63 % en 2021).

En attendant, nous, on vous souhaite d’excellentes vacances… qu’elles soient « tracances ou pas » !

2022-07-15T11:04:59+02:0015 juillet 2022|Catégories : ETI, GE, PME, RH, TPE|Mots-clés : , , , |0 commentaire

Fait-il recruter des managers du bonheur ?

Améliorer la convivialité et le bien-être au travail. Voilà la fiche de poste du « manager du bonheur ». Une offre prometteuse, de plus en plus plébiscitée par les entreprises. Mais qui élude certaines questions. On fait le point.

Voici un nouveau poste au nom bien intrigant. Le happiness manager ou « responsable du bonheur » fait une entrée remarquée dans les bureaux. Dans les entreprises françaises, en 2019, on comptait près de 150 managers du bonheur, appelés aussi Chief happiness officers, dans les offres d’emploi. Ils sont désormais 710 dans l’Hexagone à revendiquer ce poste sur le réseau social dédié au travail LinkedIn. Mais que désigne exactement cet anglicisme ? Ce poste de management du bonheur a-t-il vraiment les ressources pour « produire du bonheur » en entreprise ? Explications.

Créé par Google pour améliorer la productivité de ses salariés

Pour bien comprendre la création de ce nouveau métier, il faut remonter à sa source. « Google va s’appuyer sur une étude expliquant que le fait d’être heureux au travail améliore la productivité des salariés, nous explique Daphnée Breton, psychologue du travail et des organisations, et fondatrice du cabinet Sens et Travail. Un ingénieur reconverti dans le développement des personnes et leur bien-être et travaillant dans l’entreprise, Chade-Meng Tan, va créer le premier poste de happiness manager, que l’on surnommera « jolly good fellow » (super bon camarade). »

Améliorer la convivialité et le bien-être au travail

Mais qu’est-ce que ça fait, concrètement, un happiness manager ? Natacha (prénom d’emprunt) a occupé cette mission pendant près de trois ans. La trentenaire travaillait pour une grande entreprise de la région francilienne, spécialisée dans ce domaine. Sa mission ? « En gros, connecter Corinne de la compta et Michel de l’informatique, explique-t-elle dans un sourire. J’étais chargée d’améliorer la convivialité et le bien-être au travail. »

Une fonction d’abord prisée par les grands groupes parisiens

Cette fonction, elle l’occupait en tant que prestataire externe. Vous êtes un chef d’entreprise ayant besoin d’un happiness manager ? La société de Natacha vous en met un (ou une) à disposition.

Natacha va donc voyager de bureau en bureau, pour rendre les gens heureux. Elle est généralement envoyée dans des espaces de regroupement d’entreprises, où travaillent entre 600 et 1 000 personnes. Selon la psychologue du travail et des organisations Daphnée Breton, ce poste se retrouve « globalement dans les ​sièges sociaux des grands groupes et des start-up, qui vont ensuite propager le modèle dans l’ensemble des entreprises ».

« Concours du pull moche de Noël, atelier citrouille de Halloween »

Pendant ces trois années, la responsable du bonheur organise divers événements pour faciliter la vie des salariés des entreprises dans lesquelles elle est dépêchée. « Je mettais en place des activités sportives, des petits marchés dans le bureau, nous explique-t-elle. C’est bientôt la fête des Mères ? On fait venir une exposante qui vend des bijoux ou un truc comme ça. Bientôt Noël ? On va organiser le concours du pull le plus moche. Halloween approche ? Faisons un atelier citrouille. »

Même si la démarche n’était pas toujours comprise – on lui demande souvent ce que cela signifie – les efforts de la happiness manager sont généralement bien accueillis. Elle rend également un service de conciergerie d’entreprise. Rendez-vous pour refaire son passeport, pressing, lavage de voiture, l’ancienne responsable du bonheur s’occupait de tout cela, « comme dans les grands hôtels ».

Un poste qui ne s’occupe pas du travail, mais de ce qui est en périphérie

« Globalement, estime la psychologue du travail Daphnée Breton, les missions du happiness manager sont d’instaurer une culture de travail positive et essayer d’améliorer les relations internes de l’entreprise, de créer du lien social. Concrètement, les happiness managers organisent des séances de massage, de méditation, mettent en place des numéros verts de psychologue, etc. Mais, paradoxalement, les missions ne sont pas du tout axées sur le travail, mais sur des aspects qui se trouvent en périphérie du travail. »

Selon elle, créer un tel poste dans une entreprise, « c’est un peu une vignette qui valorise l’image de l’entreprise ». Mais, tempère-t-elle, « pour autant on n’agit pas sur les causes réelles du bonheur, c’est-à-dire faire en sorte que les travailleurs fassent leur travail dans de bonnes conditions, leur permettant ainsi de pouvoir faire du bon travail, de s’y reconnaître et d’être reconnu à leur juste valeur ».

Un budget assez maigre

Le budget alloué pour ces services ne permet pas non plus de faire beaucoup de choses. Natacha disposait de 1 500 € par an. « Un budget, qui, en général, est utilisé pour acheter des décos calendaires, pour Halloween, la Saint-Valentin, etc. » Le reste ne coûte généralement rien au responsable du bonheur. « Quand on fait venir un ostéopathe, par exemple, c’est le salarié qui paye sa séance. »

Happiness manager, une bonne situation ?

Enfin, le poste en lui-même peut être source de difficultés. Pour Natacha, tout allait bien jusqu’au début de la pandémie. Là, son entreprise décide d’instaurer un service de happiness manager à distance. On lui demande alors de créer une newsletter pour continuer d’être responsable du bonheur à distance, et de continuer ses missions en visioconférence.

Ne se sentant pas « essentielle », et ayant de plus en plus de mal à adhérer au projet, Natacha demande une rupture conventionnelle. Réponse des ressources humaines ? « Pose ta démission ».

« On était en plein Covid, personne ne savait quand ça finirait. J’ai refusé. » Très rapidement, la situation s’envenime. « Je leur dis que je n’ai pas assez de travail, ils décident de me mettre en binôme sur les tâches qu’il me reste… C’était horrible », résume-t-elle.

Ironie de l’histoire, après ces entretiens qui se passent mal, Natacha doit aller animer une session pour faire sourire les salariés. Finalement, elle contacte un avocat, qui résout la situation. Natacha obtient sa rupture conventionnelle, et quitte le secteur.

Mission impossible ?

Le rôle même de manager du bonheur est difficile à tenir, selon Daphnée Breton, car on se retrouve finalement à être cantonné à des rôles d’animateur plus que de manager.

« Les happiness managers n’ont pas de marge de manœuvre sur l’organisation, et ils occupent des postes qui sont très opérationnels, sans avoir d’impact sur les décisions de l’entreprise en matière de conditions de travail et d’emploi. Leurs missions sont finalement impossibles à réaliser… »

Source : Ouest France

2022-06-20T17:17:44+02:0020 juin 2022|Catégories : Conseil, ETI, GE, Management, PME, RH|Mots-clés : |0 commentaire

Comment l’IA va se rendre indispensable dans le service RH des entreprises

Le secteur des ressources humaines est l’un des plus propices à l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA). Cette technologie détient de nombreuses clefs pour débloquer la performance des services RH, générer des gains d’efficacité directement profitables aux entreprises et renforcer l’engagement des collaborateurs. Quels sont les atouts et usages de cette technologie en pleine croissance pour les RH ?

L’IA, une technologie toujours en approbation en France malgré des bénéfices connus

Les professionnels des ressources humaines ont dû s’adapter à la nouvelle normalité du travail hybride afin de continuer à offrir des services personnalisés et d’assurer la continuité de leur département en toutes circonstances. Certaines entreprises misent aujourd’hui sur les technologies avancées, comme l’IA, pour automatiser différentes tâches quotidiennes. Mais le mouvement IA reste encore en phase de développement pour les entreprises françaises.

Alors qu’elle est partie intégrante de nombreuses organisations internationales, certains doutent encore de la pertinence de l’intelligence artificielle pour le secteur des RH. Jusqu’en 2017, le secteur, en France, était resté assez imperméable à la problématique. Les temps ont bien changé puisqu’à l’heure actuelle, , 82 % des DRH sont convaincus des bénéfices de l’automatisation. Toutefois, l’un des points d’achoppement reste la crainte que cette technologie ne vienne déshumaniser la relation au collaborateur, selon 43 % des DRH français.

Une assistance quotidienne aux multiples formes

Les entreprises bénéficient, grâce à l’IA, d’une automatisation de tâches variées, telles que le recrutement de collaborateurs, la planification stratégique, la mise en œuvre de nouveaux processus et le soutien des professionnels à distance. Les professionnels sont ainsi libérés de nombreuses tâches quotidiennes et routinières, ce qui permet de soulager les services et de se concentrer sur des activités plus gratifiantes et à plus haute valeur ajoutée.

Les outils d’intelligence artificielle au service des RH peuvent prendre différentes formes. Les assistants virtuels intelligents optimisent le traitement des salaires et sortent de la gestion traditionnelle. Les algorithmes d’IA quant à eux vont plus loin et permettent aux entreprises de changer radicalement la façon dont elles vivent et participent au processus de paie : la donnée RH est agrégée et traitée, les anomalies sont détectées avec un système de référencement des irrégularités pour éviter de réitérer des possibles erreurs humaines.

D’autres types d’outils existent, comme les solutions cloud dédiées aux RH, plus flexibles et simples d’utilisation, générant de la valeur grâce à des interactions hautement personnalisées avec les salariés. Les employeurs peuvent ainsi utiliser l’intelligence artificielle et l’analytique pour fournir aux collaborateurs un soutien ciblé.

L’IA donne la possibilité aux professionnels de rationaliser la façon dont ils exercent leurs fonctions. Les informations reçues peuvent être transformées en données utilisables simplement, facilitant la gestion des tâches. Plus que jamais, les entreprises doivent embrasser cette nouvelle forme de numérisation pour optimiser et améliorer leur activité, mais aussi pour ne pas prendre de retard sur le reste du marché.

Source : JDN

2022-05-07T10:15:41+02:007 mai 2022|Catégories : ETI, GE, IA, PME, RH|Mots-clés : , |0 commentaire

La formation au service de la fidélisation des talents

L‘expression « grande démission » et est sur toutes les lèvres, alors que la crise du Covid-19 touche à sa fin. Face à une pénurie de compétences, les entreprises gagneraient à fidéliser, assure le professeur en management Jérôme Barthélemy.

En 2001, trois consultants du cabinet McKinsey ont publié un ouvrage intitulé « The War for Talent ». Leur thèse peut être résumée en une phrase : pour espérer battre ses concurrents, une entreprise doit parvenir à attirer et à fidéliser des « stars » en les payant beaucoup plus que les autres employés.

Malheureusement, la quasi-totalité des recherches scientifiques menées sur ce sujet a abouti à une conclusion diamétralement opposée à celle des consultants. Lorsqu’une activité demande un minimum de coopération entre les employés d’une même entreprise, les écarts de salaires ont tendance à réduire la performance de l’entreprise !

Bien que la thèse des consultants de McKinsey avait été invalidée, l’expression « guerre du talent » a connu un grand succès dans le monde de l’entreprise. On l’utilise actuellement pour décrire les difficultés des entreprises à attirer et à fidéliser les « talents ». Alors que la crise du Covid-19 touche à sa fin, la « guerre du talent » est sur toutes les lèvres.

Quatre leviers pour fidéliser

Après avoir gelé les recrutements, de nombreuses entreprises doivent à la fois étoffer leurs effectifs et dissuader leurs collaborateurs de rejoindre la concurrence. Comment attirer et fidéliser les talents ? Plusieurs leviers peuvent être actionnés :

  • La rémunération. Alors qu’une période d’inflation se profile, les entreprises seront sans doute contraintes d’augmenter les salaires ;
  • Les conditions de travail. De plus en plus de salariés souhaitent un mode de travail hybride qui alterne le présentiel et le distanciel ;
  • Le modèle de management . La plupart des salariés ont besoin d’autonomie. Le modèle « command and control » est totalement passé de mode ;
  • Le sens. Les salariés ont de plus en plus besoin de comprendre pourquoi ils travaillent.

Une étude menée, il y a quelques années, par Hamid Bouchikhi, un professeur de l’Essec Business School et deux collègues américains, a identifié un autre moyen de gagner la « guerre du talent ». Les chercheurs ont commencé par demander à plusieurs centaines de managers (travaillant dans des entreprises, des secteurs d’activité et des pays différents) s’ils avaient l’intention de quitter leur entreprise. Ils ont également mesuré leur niveau d’engagement.

Résultat contre-intuitif : accroitre l’employabilité fidélise

Après avoir pris en compte des éléments tels que la taille de l’entreprise, l’ancienneté et le niveau hiérarchique des managers, ils ont observé un phénomène surprenant : plus une entreprise leur donne les moyens d’accroître leur employabilité, plus ils sont engagés et moins ils sont susceptibles de la quitter.

Ce résultat est totalement contre-intuitif. Plus un salarié est « employable », plus il a logiquement d’opportunités de quitter son entreprise… et de rejoindre un concurrent !

Comme l’ont bien résumé les chercheurs : « Si vous voulez retenir vos talents, préparez-les à partir. » Pour retenir ses meilleurs « talents », il faut donc accroître leur employabilité. Et le meilleur moyen d’y parvenir est de les former tout au long de leur carrière. C’est le fameux concept du « lifelong learning » !

Source : Lesechos

2022-05-01T10:42:59+02:001 mai 2022|Catégories : Formation, Management, RH|Mots-clés : , , |0 commentaire

Que faire pour manager et garder les moins de 30 ans ?

Entre quête de sens, urgence climatique, désirs sur-mesure et nouvelles formes de travail, le dialogue n’est pas toujours simple entre managers et jeunes recrues. Qu’attendent-ils, au juste, de leur métier ? Et de leur entreprise ? Qu’espèrent-ils accomplir ? Nos clés pour y voir plus clair.

Ils sont en quête de sens, aiment les marques responsables et engagées mais continuent de rejoindre en nombre les grands groupes. Ils sont prêts à tout pour défendre leur santé mentale et à se protéger du burn out mais beaucoup rêvent d’entrepreneuriat ou de travail en freelance – pas tout à fait des promenades de santé. Depuis la rentrée, ils rechignent à renoncer au télétravail, mais la vie de bureau normale leur manque.

Aux yeux des managers, les salariés de moins de 30 ans ont parfois des attentes contradictoires. Faute de repères, leur recrutement et leur « fidélisation », selon le jargon consacré, relève parfois du casse-tête. Ces jeunes pousses sont pourtant loin d’être en rupture : 80% des 18-30 sont satisfaits de leur vie professionnelle et sont attachés au travail, comme aux valeurs auxquelles il est associé – l’effort, le mérite, l’initiative ou la responsabilité. Voilà les grandes lignes du portrait que dressent Frédéric Dabi et Stewart Chau, directeur général de l’Ifop et directeur des enquêtes d’opinion chez Viavoice, dans La Fracture (1), somme d’enquêtes et de sondages menés auprès des moins de 35 ans. « On est très loin d’une génération qui se détourne du travail salarié, souligne Stewart Chau, mais cela cache un mouvement global de redéfinition du lien entre jeunes et entreprises. » Lequel repose sur deux piliers : une exigence accrue envers les sociétés et une volonté farouche, chez les jeunes, de faire changer les choses. Souvent par une foule de détails quotidiens, parfois discrets mais qui changent tout, petit à petit. Et donnent aux managers les clés pour satisfaire ces jeunes salariés.

Les laisser respirer

Du temps libre : voilà LA quête de la génération 18-30 ans, leur désir le plus fort et, à leurs yeux, la clé pour être heureux. « Alors que tous les aspects de notre vie sont soumis à l’urgence, qu’on est constamment sollicité et bombardé d’informations, le temps pour soi devient le sésame le plus précieux », explique Stewart Chau. En 2007, avoir le temps de « profiter de la vie » importait à 31% des jeunes. En 2021, ils sont 42% à citer ce critère, devenu le deuxième le plus important, après une famille heureuse, pour « une vie réussie ». Est-ce à dire que les 18-30 ans de 2021 veulent travailler moins ? Pas forcément. En revanche, ils commencent leur carrière à une époque où le burnout, le harcèlement moral ou le management toxique font partie du langage courant. Sensibilisés, ils sont peut-être plus vigilants à leur santé. « Ils sont surtout très lucides sur l’imbrication, pas forcément heureuse mais nécessaire, de leurs vies professionnelle et personnelle. Cette génération sait parfaitement que tout ne s’arrête pas quand ils quittent le bureau. »

Entremêler pro et perso

Et ils l’acceptent, à condition qu’on les autorise à faire de même. Puisque le travail les suit chez eux – parfois jusque dans leur lit avec des mails tardifs – ils réclament le droit de venir au bureau avec leur vie privée. « Les jeunes salariés d’aujourd’hui dépassent la conciliation et inventent la réconciliation des temps de vie, pro et perso, souligne Stewart Chau. Ils ne veulent plus seulement avoir l’un à côté de l’autre, dans deux espaces-temps hermétiques, mais l’un avec l’autre. »

Concrètement, ils n’hésitent pas à s’absenter dans la journée pour faire, dans le quartier de leur bureau, ce qu’on fait habituellement près de chez soi : aller à la salle de sport ou à un rendez-vous médical, récupérer un colis, faire une course, visiter un appartement ou même un rendez-vous rapide avec un proche. « Cela implique un énorme besoin de flexibilité, à tous les niveaux, poursuit Stewart Chau. Ce besoin n’est pas propre aux jeunes, mais ils en sont à l’avant-garde, ils en font la nouvelle norme et influencent les autres salariés. C’est très lié à l’adhésion massive des jeunes au libéralisme : au bureau, ils veulent de la liberté. »

Être (hyper) à l’écoute

« Individuelle », pourrait-on ajouter. Car les salariés de moins de 35 ans n’attendent pas de la flexibilité appliquée à tous, mais sur-mesure. « On note l’idée que la réconciliation des temps de vie se fait à partir de l’expérience de chacun, précise Stewart Chau. Si l’employeur en impose les termes, ça ne fonctionne pas. L’idée, c’est « JE définis, pense et organise ma réconciliation pro-perso ». C’est sur ce point que les jeunes sont le plus à l’avant-garde et qu’ils influencent leur environnement. » Face aux managers censés appliquer de nouvelles règles de télétravail ou de flex office, les jeunes recrues montent donc au créneau pour faire valoir leurs spécificités, leurs besoins et leurs envies. Et obligent du même coup leurs chefs à repenser le travail collectif, les critères d’évaluation ou la relation manager-managé.

Boire un verre

Laquelle se construit aussi au bistrot du coin, passées 19 heures. 43% des moins de 35 ans boivent régulièrement un verre avec leurs collègues près du bureau, contre à peine un quart des plus de 50 ans. Une tendance à trinquer qui, davantage qu’un goût prononcé pour la boisson, traduit un besoin de se connaître vraiment. Les jeunes salariés ressentent et recherchent, davantage que leurs aînés, un sentiment d’appartenance collective, aussi bien dans le travail que sur un terrain personnel. Pour les jeunes salariés, le bureau est un lieu où, en plus d’exercer son métier, on s’exprime, on défend ses valeurs et ses engagements.

« Plus qu’un agrégat de compétences, ils considèrent l’entreprise comme une réelle communauté humaine », résume Stewart Chau. 33% des jeunes – contre 26% en moyenne – attendent ainsi de la bienveillance de leur entreprise, et 43% – contre 36% – de la solidarité. À leurs yeux, le bureau est un lieu de vie et d’engagement collectif, où chacun partage le souci du progrès et du bien-être de tous. D’où l’importance de liens solides, presque amicaux, parfois intimes, avec leurs collègues. Les 18-30 ans veulent en fait que leur ambiance de travail, tout comme la nature de leur métier, soit source de sens et de plaisir. Utopistes ? Peut-être, aux yeux des plus âgés. Mais il y a fort à parier que les jeunes rejetteraient tout net cette étiquette. Car, s’ils sont exigeants, ils sont aussi plus fiers, plus heureux et plus attachés à leur travail que leurs aînés. En clair : pour peu qu’on leur donne ce dont ils ont besoin, les 18-30 pourraient bien être plus épanouis et plus engagés. Au bénéfice, aussi, des entreprises.

Source : Figaro

2022-04-23T19:14:47+02:0023 avril 2022|Catégories : Management, RH|Mots-clés : , , , |0 commentaire
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