Les entreprises françaises sont moins présentes sur le Web que leurs consoeurs européennes. Pourtant, acheter un nom de domaine ne suffit pas et exige une stratégie.

La présence des PME sur le Web est plus que jamais un enjeu. France Num, le portail de la transformation numérique des entreprises créé l’an dernier, vient de lancer une campagne de communication en direction des PME. Quant à l’Afnic, elle mène depuis trois ans une opération de sensibilisation « Réussir avec le Web ». La France est, en effet, seulement 16e sur 27 pays de l’Union européenne au regard de la présence en ligne.

Avec seulement 3,3 millions de sites enregistrés en .fr sur un total de 9 millions de noms de domaines répertoriés en France. « La France est une anomalie. En Allemagne, les sites enregistrés avec le .de sont trois fois plus nombreux et dominent largement le .com », analyse Pierre Bonis, directeur général de l ‘Afnic, qui gère la distribution des noms de domaine.

400 bureaux d’enregistrement

La France a pris du retard dès l’origine en raison d’une politique très frileuse quant aux procédures d’enregistrement sur le .fr. Les choses ont changé. L’opération s’effectue désormais en quelques minutes auprès d’un des 400 bureaux d’enregistrement répertoriés en France. « Pour environ 200 euros, vous pouvez avoir un nom de domaine en .fr et un site Web très basique », assure Pierre Bonis. « Il est prudent de réserver le nom en .fr et son équivalent en .com. Quant aux extensions régionales, comme .bzh ou .alsace, elles se justifient pour protéger son image de marque ou afficher son identité », précise-t-on chez OVH. Pourtant, avoir un site Web et une adresse e-mail professionnelle est bien loin de suffire. « On voit beaucoup de sites non référencés, non mis à jour et donc peu visibles. Cela ne sert à rien, un peu comme une boutique mal placée dans laquelle n’entre aucun client », prévient Agnès Passault, présidente d’Aquitem, une société spécialiste du marketing numérique.

Visibilité sur les réseaux sociaux

D’où l’intérêt pour une PME d’être accompagnée, de bien choisir son prestataire et d’investir. Le secteur est dominé par les grands acteurs comme Orange, OVH, 1&1 Ionos ou GoDaddy derrière lesquels on trouve une multitude de PME locales. Sans compter les centaines d’agences Web et les milliers de prestataires indépendants. Avoir son propre site Web n’est pas indispensable. « Bien des entreprises ont simplement besoin de visibilité et de générer du trafic depuis le Web vers leur point de vente », confirme-t-on chez OVH, numéro 1 de l’hébergement en France. Pour quelques dizaines d’euros par mois OVH comme Solocal (ex-PagesJaunes) permettent à une TPE de développer sa visibilité en ligne sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche en se chargeant aussi de la gestion des avis des clients.

Partenaire local

D’autres PME en font un atout concurrentiel. La petite société Ladecoquichange, qui décape les meubles sans produit toxique, a ainsi fait le choix d’un partenaire local, Simplébo, qui avait passé un partenariat avec la Capeb (syndicat des artisans du bâtiment) permettant de proposer des solutions adaptées aux besoins des clients. L’artisan, basé dans un village près d’Hazebrouck, a investi 1.500 euros dans la fabrication de son site, dépense 600 euros par an pour sa maintenance mais largement autant pour le référencement sur Google . « Sans ce référencement, l’activité vivoterait alors qu’aujourd’hui le site m’apporte plus de 80 % de mon activité qui s’étend jusqu’à la métropole lilloise », explique Christian Danvers.

La publicité dans la presse

La région Nouvelle-Aquitaine aide ainsi les PME à travers un chèque « accompagnement numérique ». « Il faut d’abord revenir sur les fondamentaux. Que veut-on faire d’un site ? Et selon qu’on opère dans le monde agricole en B to B ou dans le tourisme avec des clients particuliers, la réponse est très différente », insiste Antoine Chotard chargé du sujet à l’Agence de développement et d’innovation de la région.

Deux grandes catégories de sites existent : commercial ou éditorial (vitrine ou blog). K-Stores, qui installe des produits de protection contre l’ensoleillement, vient de refaire son site dans lequel 15.000 euros ont été investis. « Nous ne sommes pas un site marchand car notre activité consiste à vendre mais surtout à installer des stores ou des pergolas. L’objectif est de générer des contacts », explique François des Garets : « En quelques mois, le trafic a augmenté et généré beaucoup plus de contacts entrants. Avec notre prestataire Iabot, nous pouvons en mesurer le coût. Il reste que nous continuons la publicité dans la presse. Avec une page dans ‘Sud Ouest’, nous voyons le nombre d’appels augmenter de plus de 30 %. »

Source : lesechos